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Le rendez-vous de juillet

Ce texte a été signé par 1109 personnes (réalisateurs, comédiens, techniciens, producteurs).

Nous le publions, en espérant que cet appel marquera un tournant dans les réflexions qui animent les arts vivants.
Le cinéma en France est en ce moment dans une situation terriblement périlleuse.
Les raisons en sont nombreuses mais citons, pour aller vite :
- Le financement majoritaire du cinéma par les télévisions qui ne se décident plus qu'en fonction de l'audience potentielle du film sur le petit écran à une heure de grande écoute.
- Le désengagement partiel de Canal + dans le financement des films, modifiant brutalement les règles du jeu en vigueur depuis le début des années 80.
- La naissance d'un cinéma ciblé et formaté que les chaînes de télévision financent à des hauteurs considérables.

Le protocole d'accord signé entre le Medef et les syndicats minoritaires intervient donc dans une période où les réalisateurs, les producteurs indépendants, les techniciens et les comédiens ne comptent plus les films arrêtés temporairement, décalés dans le temps ou purement et simplement abandonnés.

Dans cette période sombre, où nos indemnités d'intermittents sont pour nombre d'entre nous le seul moyen de garder la tête hors de l'eau, les attaques dont elles font aujourd'hui l'objet sont une véritable catastrophe.
Cette catastrophe très concrète (combien d'argent pour vivre chaque mois ?, combien de mois avant de lâcher prise ?) est renforcée par un double sentiment d'injustice :

1. Les films, exactement au même titre que les spectacles de danse, de théâtre, de musique, créent une richesse inestimable.
Ces films, ces spectacles, pour l'existence desquels nous nous battons au quotidien, que nous fabriquons dans des conditions de plus en plus difficiles, sont une richesse artistique bien sûr mais aussi une richesse économique pour le pays.
Et nous ne parlons pas seulement ici de l'économie de l'industrie cinémato-graphique en tant que telle (auditorium, laboratoires, salles de cinéma, etc.) mais aussi des films comme appel d'offres dans les centres commerciaux, du lien entre spectacle vivant et restaurant, festival et tourisme.
En tant qu'artiste, nous sommes le maillon le plus faible, le moins protégé par les lois du travail, et pourtant tout un pan de l'économie vit et se développe à partir de ce qui a germé dans notre imaginaire, de notre pratique, de notre passion.
Or cette richesse est systématiquement absente des négociations. Systématiquement niée depuis des années par le Medef qui, sur le terrain des intermittents comme ailleurs, a une vision à courte vue : le profit pour le plus petit nombre et une culture formatée pour tous.

C'était la première injustice, la seconde la voici :

2. En ce qui concerne le statut des intermittents, le déficit qui se creuse année après année est un problème réel dont nous connaissons tous la cause première.
C'est le détournement de ce statut au profit de sociétés qui ne devraient pas pouvoir y avoir recours. Pour des raisons économiques évidentes, et pour échapper aux contraintes des contrats à durée indéterminée, ces sociétés préfèrent utiliser abusivement ce statut plutôt que d'engager des salariés à plein temps.
Ce sont le plus souvent des sociétés audiovisuelles, Radio France par exemple, et, dans des proportions autrement plus massives, toutes les sociétés qui produisent les programmes dits "de flux" (les jeux, la météo, la télé-réalité) pour les chaînes de télévision aussi bien privées que publiques.
C'est ce détournement massif de sa vocation première qui a fait doubler le nombre d'intermittents percevant des indemnités depuis 10 ans.

Or cette cause première, ce scandale, ni l'Etat, ni le Medef, n'ont intérêt à s'y attaquer.
L'Etat parce qu'il ne sait pas comment financer le manque à gagner pour les télévisions et les radios publiques.
Le Medef parce qu'il a décidé, depuis déjà des années, d'avoir la peau du régime des intermittents et que l'augmentation annuelle du déficit est la plus sûre garantie de sa disparition à moyen terme.

Voilà comment nous nous retrouvons aujourd'hui dans une situation inextricable. Nous ne voulons pas céder 4 mois d'indemnités par an (sans parler du risque d'exclusion du système pour un certain nombre d'entre nous) pour faire semblant de combler un déficit qui va continuer à se creuser chaque jour davantage puisque ses causes, connues de tous, sont ailleurs.

Nous sommes plus que jamais favorables à une réforme du régime des intermittents du spectacle. Une réforme qui, tout à la fois, s'attaquerait aux causes structurelles de ce déficit et nous permettrait de réfléchir tous ensemble aux moyens de faire d'autres économies (en plafonnant, par exemple, bien plus fortement qu'aujourd'hui, les plus hautes indemnités perçues).

Ainsi nous reviendrions à la vocation première de ce statut : la solidarité des salariés de ce pays avec leurs artistes et des artistes entre eux.

Nous sommes aux côtés des danseurs, des chorégraphes, des techniciens du spectacle vivant, des comédiens et des directeurs de troupe qui sont à l'initiative du mouvement actuel.

Nous demandons solennellement au gouvernement de ne pas donner son agrément au protocole d'accord et d'initier des Etats Généraux de la création qui, sur la base d'une expertise de nos métiers, de leurs pratiques et de leurs financements, refonderaient ce pacte de solidarité.


Ce texte a été signé par 1109 personnes (réalisateurs, comédiens, techniciens, producteurs) dont :

Ali Akika, Anne Alvaro, Hélène Angel, Solveig Anspach, Ariane Ascaride, Aure Atika, Jacques Audiard, Daniel Auteuil, Jean-Pierre Bacri, Jeanne Balibar, Humbert Balsan, Luc Barnier, Lise Beaulieu, Jean-Jacques Beineix, Sarah Benillouche, Caroline Benjo, Emmanuelle Bercot, Patrick-Mario Bernard, Renato Berta, Julie Bertucccelli, Enki Bilal, Bertand Blier, Catherine Breillat, Dominique Boccarossa, Laurent Bouhnik, Nathalie Boutefeu, Isabelle Broué, Dominique Cabrera, Laurent Cantet, Yves Caumon, Laurent Chevalier, Malik Chibane, Jean-Paul Civeyrac, Julien Cloquet, François Cluzet, Jean-Louis Comolli, Richard Copans, Catherine Corsini, Jean-Pierre Darroussin, Pascale Dauman, Yann Dedet, Emilie Deleuze, Claire Denis, Pascal Deux, Marina de Van, Emmanuelle Devos, Vincent Dieutre, Olivier Do Huu, Karim Dridi, Olivier Ducastel, Claude Duty, Daniel Edinger, Arié Elmaleh, Jerôme Enrico, Bertrand Faivre, Anita Fernandez, Pascale Ferran, Laurence Ferreira Barbosa, Thierry Flamand, Marianne Fricheau, Eric Gautier, Julie Gayet, Denis Gheerbrandt, Agnès Godard, Romain Goupil, Bertrand Gore, Pascal Gréggory, Robert Guédiguian, Bourlem Guerdjou, Alain Guiraudie, Pierre Erwan Guillaume, Henri Herré, Christophe Honoré, Agnès Jaoui, Sam Karman, Cédric Klapisch, Nicolas Klotz, Jan Kounen, Jeanne Labrune, Jean-Pierre Laforce, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Luc Leclerc du Sablon, Hervé Le Roux, Jalil Lespert, Christophe Loizillon, Julie Lopes Curval, Hélène Louvart, Noémie Lvovsky, Jacques Maillot, Claude Martin, Tonie Marshall, Gérard Meylan, Florence Mialhe, Valérie Minetto, Orso Miret, Jean-Paul Mugel, Isabelle Otéro, François Ozon, Rithy Panh, Laurence Petit-Jouvet, Nicolas Philibert, Eric Pittard, Bruno Podalydès, Christophe Pollock, Philippe Ramos, Alain Raoust, Michèle Ray-Gavras, Natacha Régnier, Brigitte Rouan, Richard Rousseau, Christophe Ruggia, Thierry Sabatier, Emmanuel Salinger, Jean-Paul Salomé, Gilles Sandoz, Hugo Santiago, Carole Scotta, Jean-Pierre Sinapi, Bertrand Tavernier, André Téchiné, Jean-Pierre Thorn, Yann Tiersen, Tran Anh Hung, Pierre Trividic, Jean Umansky, Joële Van Effenterre, Cécile Vargaftig, Bernard Verley, Marie Vermillard, Marion Vernoux, Sandrine Veysset, Karin Viard, Frédéric Videau, Thomas Vincent, Christian Vincent, Ariel Zeitoun, Elsa Zylberstein

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