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Désir et Mort de Sylvia Plath / Cezjna i smrt Sylviae Plath

Une jeune femme prépare une réception. Dans un ballet aux accents funèbres, les convives se succèdent. Chacun est un coupable potentiel avec qui elle règle ses comptes : la famille, le mari, les amis. Au fil des conversations, la tragédie prend ses marques : une ombre mortifère et fascinante dévore lentement Sylvia Plath, tiraillée entre sa fragilité maladive et sa quête d’absolu.

Chronique d’une mort annoncée, « Désir et Mort de Sylvia Plath » retrace l’existence d’une romancière américaine encensée pour ses écrits sensibles sur la condition féminine. Son suicide, à l’âge de trente ans, marque symboliquement les conséquences d’une vie passée à lutter contre les névroses engendrées par une société masculinisée. La mise en scène de Jernej Lorenci dissèque l’univers mental de Sylvia Plath dans un temps suspendu où elle convoque tous les fantômes de son passé et rejoue à leurs côtés son inexorable basculement dans la folie.

C’est la seconde fois que le GLOB-THÉÂTRE accueille le SARTR-Théâtre de Guerre de Sarajevo, après Ay Carmela (1998). À cette occasion, le public pût découvrir, malgré la barrière de la langue, un jeu et une direction d’acteurs marquants. Cette compagnie fut l’une des seules à éléver la pratique théâtrale en acte de résistance lors du siège de la ville durant le conflit en ex-Yougoslavie. Les accueillir à nouveau durant le festival Novart 2003 est une nouvelle chance d’offrir une autre vision du théâtre.

Les 14, 15, 16 novembre 2003.
Le B-51 de Ljubljana et le SARTR de Sarajevo :
C’est en 1997 que le SARTR collabore avec la Cultural Socitey B-51 of Ljubljana, à l’occasion du festival de théâtre Ex-Ponto. Au-delà de l’aspect artistique, l’invitation d’une compagnie de Bosnie- Herzégovine à présenter ses travaux dans un festival slovène est un pas symbolique via l’art vers une reprise des liens entre les différentes enclaves de l’ex-Yougoslavie.

Le B-51 jouera un rôle important dans l’évolution du SARTR, notamment en permettant la pièce Ay Carmela mise en scène par Robert Raponja d’être diffusée largement en territoire slovène. C’est aussi avec l’appui du B-51 que le SARTR a développé sa diffusion partout en Europe, un «pont» vers l’extérieur des Balkans comme le rappelle la compagnie.

Désir et Mort de Sylvia Plath marque une étape supplémentaire dans cette collaboration artistique et humaine, avec l’implication du festival Ex-Ponto et du B-51 comme producteurs du spectacle.


Désir et Mort de Sylvia Plath : l’histoire d’une rencontre
Le metteur en scène dramaturge Safet Plakalo (également directeur du SARTR) s’est pris de passion pour la personnalité de Sylvia Plath en 1983, à la lecture d’une de ses œuvres majeures, Trois Femmes, Poème pour 3 Voix. Pour lui, ce texte devient une forme d’expression ultime de la condition féminine, en prise avec son identité sexuelle et sa place dans un univers dédié à la domination masculine. Il se fait alors la promesse de mettre en jour en scène la vie torturée et la fin tragique de cette poétesse américaine, devenue une icône du féminisme contemporain.

En 1993, Safet Plakalo rencontre celle qui incarnera en chair et en os l’image de Sylvia Plath qu’il entretient depuis 10 ans dans son imaginaire. Ce sera la comédienne Selma Alispahic, qui joue alors dans les pièces Ay Carmela et Carolina Neuber. Une ressemblance physique et émotive étrange semble relier les deux femmes. Autre coïncidence troublante : lors de son exil à Londres, de 1992 à 1997, Selma Alispahiceut l’occasion de ressentir au plus près les résonnances du mythe de Sylvia Plath en jouant dans une pièce de son veuf, le poète de Ted Hughes, avec qui elle se lie d’amitié. Safet Plakalo lui propose alors d’endosser la personnalité de Sylvia le temps d’un spectacle, ce pour quoi elle se plonge à son tour dans Trois Femmes, pour y retrouver l’essence singulière de cette femme.

S’en suit une longue période d’écriture pour Safet Plakalo, alimentée par la production de l’écrivain dont il tente de saisir les facettes les plus intimes cachées dans ses compositions, parmi lesquelles Le Bord du Gouffre, Papa ou son roman autobiographique La Cloche de Détresse. Il s’inspire également de ses journaux intimes, parus à titre posthume, journaux qu’elle couvrira de ses états d’âme jusqu’au moment fatidique de son suicide. Il y entend la voix de Sylvia, une voix douloureuse qui révèle une obsession de mort. Cette tendance semble être suscitée par la peur que lui procure le fait d’être mère dans l’hypocrisie ambiante de la petite moralité bourgeoise. Une moralité qu’elle dénonce à travers sa souffrance. De fait, Sylvia Plath développe tout au long de son existence des tendances à l’enfermement pathologique et à la schizophrénie.

Au fur et à mesure de son travail, Safet Plakalo s’aperçoit que le suicide apparaît comme le point de départ du mythe de Sylvia Plath, ne prenant pas en compte l’ œuvre de l’artiste mais uniquement son statut de martyr de la condition féminine à travers un geste sacrificiel et symbolique. Il décide alors de réhabiliter le mythe en temps que personnage vivant , et non icône, à travers le spectacle qu’il est en train de créer. Il découvre alors, au-delà des apparences, une femme en proie à un désir incessant de vivre et d’écrire, une soif d’absolu. Comme si Sylvia Plath, voulant être Dieu, avait été trahie par sa fragilité dans une quête inassouvible.


Selma Alispahic> : l’incarnation de Sylvia Plath
Selma Alispahic est née en 1970, à Tuzla (Bosnie). Elle débute une carrière de comédienne très précoce à l’âge de 8 ans avec la compagnie du Théâtre National de Tuzla. À l’âge de 16 ans, elle intègre l’Académie des Arts de la Scène de Sarajevo ( l’équivalent de notre Conservatoire National). En 1990, à l’âge de 20 ans, elle est la plus jeune et la plus douée des comédiennes de sa génération. Elle devient immédiatement l’une des figures emblématiques du Théâtre National de Sarajevo. En 1992, les vents de la guerre la transportent à Londres, où elle continue une carrière sans fautes dans les compagnies les plus prestigieuses de la capitale, le Queen Elizabeth Hall, le National Royal Theatre ou encore le Young Vic Theatre, où elle rencontre Ted Hughes.
De retour à Sarajevo en 1997, elle décide d’intégrer la compagnie du SARTR – Théâtre de Guerre de Sarajevo avec laquelle elle endossera des rôles de femmes marquants comme dans Ay Carmela et Carolina Neuber, des mises en scène de Robert Raponja. Ces deux rôles la feront consacrer Femme de l’Année 2000 dans le domaine des Arts par le magazine national Woman 21.

Sylvia Plath (1932 – 1963) : « Mourir est un art, comme toute chose »
Sylvia Plath, poètesse et romancière d’origine américaine, est née en 1932 à Boston dans un milieu cultivé et aisé, de parents émigrés allemand et autrichien. Elle est âgée de 8 ans lorsque son père décède : cet événement marquera et hantera ses poèmes jusqu’à la fin de ses jours. Étudiante, elle publie ses pemiers poèmes et nouvelles dans différents magazines, pour lesquels elle est récompensée par de nombreux prix. Déjà affleure l’angoisse, alors qu’elle vit une période de dépression nerveuse qui l’incite à attenter à sa vie une première fois à sa vie, en 1952.
Après de brillantes études et l’obtention de son diplôme, elle reçoit une bourse pour étudier en Angleterre. C’est là qu’elle rencontre et épouse le poète britannique Ted Hughes, avec qui elle a deux enfants. Sylvia se consacre alors à ses deux enfants, mais surtout à la carrière de son mari, alors en pleine gloire. Dans ce « second rôle », elle ne trouve que peu le temps d’écrire, et petit à petit s’efface et se renferme, dominée par son mari, qui la délaisse de plus en plus, et sa famille bourgeoise, qui la considère comme une bête curieuse.
Six ans plus tard, Sylvia Plath découvre les infidélités de son mari, qu’elle quitte. S’en suit une période d’écriture effrénée, motivée par la colère et le désespoir. L’obsession de la mort devient prépondérante.
En février 1963, Sylvia Plath met fin à ses jours. Elle avait trente ans.


La mise en scène
La vie de Sylvia Plath a tout d’une tragédie. De fait, le metteur en scène Jernej Lorenci la montre comme telle. Le travail des acteurs, la mise en espace, les corps en mouvement: tout est millimétré pour orchestrer cette réception funèbre.

Tout semble partir de Sylvia, et de sa perception malade du monde qui l’entoure. Les robes qu’elle porte changent de couleur, symbolisant les différentes périodes de son existence. Ces robes sont de couleur vive, en décalage avec le comportement désabusé du personnage, mais aussi en décalage avec les autres personnages de la pièce, vêtus strictement de noir du début à la fin. On peut y voir un contraste entre la juvénilité de Sylvia Plath et le côté froid et grave de la petite bourgeoisie qu’elle dénonce.

Les autres personnages de la pièce, en dehors de la mère, interprètent tous plusieurs rôles interchangeables. Ainsi Dragan Jovicic est-il le père, Otto, dont le décès a marqué Sylvia à jamais, et le mari froid et infidèle, Ted Hughes. Riad Ljutovic, quant à lui, est à la fois le frère et l’amant. Déclinaison de théories freudiennes ou illustration de la confusion mentale de Sylvia Plath, ce choix de distribution renforce le sentiment d’étrangeté et de fantastique que dégage le spectacle.

La structure temporelle elle-même sème le trouble: ellipses, retours en arrière... Tous les proches de Sylvia se succèdent dans un endroit spatial unique (sa maison) mais semblent issus d’époques distantes. Et si Sylvia était déjà morte et convoquait les fantômes de sa voe passée ? Et si elle est vivante, est-on en train de vivre le film accéléré des dernières heures avant sa mort? Qui est mort? Qui est vivant?



MISE EN SCÈNE : Jernej Lorenci
SCÉNOGRAPHIE : Branko Hojnik
SYLVIA PLATH : Selma Alispahic
OTTO / TED HUGHES : Dragan Jovicic
AURELIA : Halima Music
RUTH & CO : Tatjana Sojic
WARREN & CO Riad Ljutovic

Désir et Mort de Sylvia Plath / Cezjna i smrt Sylviae Plath
Par B51, Ljubljana (Slovénie) et SARTR - Théâtre de Guerre de Sarajevo

GLOB, 69 rue Joséphine, Bordeaux
14 15 16 novembre 2003

7 € / 10 €
Renseignements & réservation : 05 56 69 06 66

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