Faut pas payer au Théâtre du Tambour Royal (Paris)

La pièce s'ouvre sur le pillage d'un supermarché par des ouvrières poussées à bout par la misère et la faim et se poursuit par les mésaventures de deux couples ouvriers en proie à la répression policière. Elle offre une peinture du monde ouvrier, de ses conditions de vie, de ses angoisses, de ses petitesses aussi. Elle met en avant le courage des femmes, faisant d'elles les moteurs du changement, et propose une critique acerbe de tous les pouvoirs aveuglément répressifs. Elle est surtout un formidable moyen de déclencher le rire du public. Personnages de caractère, quiproquos, mensonges poussés jusqu'à l'absurde sont les ressorts comiques d'une pièce délirante. Mais que les personnages de Faut pas payer ! soient des années 70, que leur quotidien soit celui des brigades rouges et des grandes grèves, qu'ils travaillent encore à la Fiat, tout cela ne change, en effet, rien à l'affaire : l'histoire d'Antonia et Giovanni, ouvriers italiens en butte à la répression policière, ne peut manquer de faire écho au monde qui nous entoure. Exploités, licenciés manu militari, expulsés sans ménagement, déçus des politiques et des syndicats, contraints d'accepter les valeurs d'une société qui les broie, ces deux-là ne sont-ils pas les parangons de tous ceux qui, le plus souvent dans le silence, survivent plus qu'ils ne vivent ? Jusqu'au 9 novembre 2003, au théâtre du Tambour Royal, 94, rue du Fbg du Temple, 75011 Paris.