À travers l'itinéraire d'êtres déchirés par leur propre destin,
Elizabeth Czerczuk pose un regard sans concessions sur la superficialité
du monde et l'aliénation de l'humain. Une épopée en trois
actes, surréaliste, tourbillonnante, rythmée par une musique originale,
inspirée de l'avant-gardisme polonais des années 1960-1970.
Avec son triptyque composé des pièces Requiem pour les artistes, de
Dementia Praecox 2.0 et de Matka, Elizabeth Czerczuk a affirmé une
identité esthétique à rebours des tendances actuelles.
Inspirée des avant-gardes polonaises des années 70-80, mais aussi en
dialogue avec les violences et les espoirs d’aujourd’hui. Au fil des
créations, son langage très chorégraphique et visuel et son désir
d’instaurer de nouveaux rapports entre interprètes et spectateurs, se
sont affirmés. Autant de raisons de créer, en ouverture de cette saison
2018-2019, un spectacle à valeur de manifeste : Les Inassouvis.
Comme dans les trois volets du triptyque initial, la folie est au cœur
de cette nouvelle création. On y retrouve le personnage éponyme de Matka,
une mère manipulatrice sortie d’une pièce de Stanislaw Ignacy
Witkiewicz (1885-1939), auteur méconnu en France mais considéré dans son
pays comme l’un des pionniers de la modernité artistique. Intellectuel
détraqué, fils de cette femme-monstre, Léon et son rire sardonique sont
eux aussi de la partie. De même que de nombreuses autres créatures qui
officient dans la cérémonie macabre de Requiem pour les artistes. En compagnie de celles qui, dans Dementia Praecox 2.0, démultiplient la névrose du Fou et la Nonne
de St. I. Witikiewicz. C’est toutefois une autre histoire qu’elles
racontent ensemble. Davantage centrée sur la figure maternelle. Plus
proche des racines de la folie.
Dans Les Inassouvis, Elizabeth Czerczuk livre ainsi certaines
clés de lecture de son univers fait d’enfance et de mort. De guerre et
d’une grande tendresse qui se dissimule derrière des gestes d’automates
détraqués et des lumières étranges, des mots tranchants, une musique
enivrante et sous des vêtements gothico-baroques. Mais chez Elizabeth
Czerczuk, le dévoilement ne va pas sans de nouveaux mystères. La
succession de tableaux qui composent le spectacle en regorge. Fruit
d’une année de travail intense, Les Inassouvis ouvre en effet au
T.E.C. un nouveau chapitre artistique dans la continuité du précédent.
Très féminin, plein de folie et de solitude. Mais aussi d’amour.
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